La trilogie de la mort est un nom un peu bâtard (excusez-moi pour cette expression) pour désigner les 3 courts métrages réalisés par l'espagnol Nacho Cerda entre 1990 et 1998 et qui ont pour thème vous l'aurez compris la muerte, la mort quoi. Ces trois volets ont de nombreux points communs et notamment celui d'être entièrement muets. Seuls quelques bruitages ont été ajoutés en post-synchro.
Le premier volet s'appelle The Awakening, dure 8 minutes et a été réalisé en 1990 alors que Nacho Cerda, âgé à l'époque de 21 ans était étudiant en école de cinéma. C'est donc un travail scolaire, ça se sent (amateurisme...l'ange porte une montre et une bague, manque de moyens et de rythme) mais il y a déjà de bonnes idées (l'histoire porte sur un lycéen qui s'endort en salle de classe et quand il se réveille, le temps semble s'être arrêté pour tous, sauf pour lui). Le rôle du prof est joué par Nacho Cerda en personne.
Le deuxième volet est déjà plus intéressant et a fait scandale. Il dure 30 minutes et a été tourné en 9 jours dans une vraie morgue. Par contre les gens ne savaient pas exactement ce qui se déroulait dans l'histoire car sinon je ne pense pas qu'il ait pu obtenir une autorisation. Nacho Cerda a en tout cas pris de l'assurance et nous offre un film à l'esthétique soigné et à l'ambiance clinique, froide et réaliste. L'histoire est horrible mais Cerda n'est jamais complaisant : dans une morgue, un docteur se laisse aller à ses pulsions les plus obscènes en violant le cadavre d'une jeune femme récemment morte d'un accident de voiture.
Les effets spéciaux du film sont très réussis. Les mannequins viennent des Etats-Unis et ceux qui ont bossé pour les effets spéciaux l'ont fait gracieusement. Le budget des FX représentent 1/4 du budget total. Parmi les faux-cadavres se dissimule un vrai acteur, le barbu qui se trouve au second plan. Ça permet de donner un peu plus de réalisme à l'ensemble.
Sinon Nacho Cerda a été choqué par la façon dont sont remis les organes dans le corps des patients autopsiés et c'est pour cela qu'il a fait la même chose dans son film.
Le dernier volet de cette trilogie est aussi le plus abouti. On retrouve le même acteur qui jouait le médecin légiste siphonné dans Aftermath. Ce n'est pas très étonnant vu que Genesis est le pendant d'Aftermath : c'est son contraire.
Cette fois, il joue un sculpteur qui a perdu sa femme et qui décide de faire une sculpture avec son apparence. Ce double va prendre vie à ses dépends car lui-même se transforme en pierre. La dégradation de son corps pendant que petit à petit, le corps de sa femme prend vie est très beau à voir.
C'est donc une histoire très mélancolique avec une esthétique encore très soignée. Le regard final est émouvant.
Tout comme Aftermath, il a été tourné en 9 jours, dure 30 minutes et on retrouve de la musique classique. Mais cette fois-ci, ce n'est plus le requiem de Mozart.