Titre original:Idi i smotri
Autre titre:Va et regarde
1985, Russie, 140 min, Couleur
Réalisation Elem Klimov
Scénario Elem Klimov, Ales Adamovich
Photographie Aleksei Rodionov
Musique Oleg Yanchenko
Production Belarousfilm, Mosfilm
Interpretation Aleksei Kravchenko, Olga Mironova, Liubomiras Lauciavicius, Vladas Bagdonas, Juris Lumiste, Viktor Lorents, Kazimir Rabetsky, Yevgeni Tilicheyev, Aleksandr Berda, G. Velts
C'est la deuxième guerre mondiale dans la campagne biélorusse, près de la frontière polonaise.Un jeune garçon (Alexei Kravchenko) quitte sa famille pour rejoindre les partisans luttant contre les envahisseurs nazis.Coupé de son unité, il rentre chez lui pour découvrir que tout son village a été massacré.Les cadavres ont été entassés au hasard derrière une ferme.Il est perdu, seul et rendu sourd par un obus.
Aucun autre film de guerre ne surpasse Requiem pour un massacre dans sa cruauté cauchemardesque.Il n'y a pas d'intrigue, rien qu'une errance terrifiante dans la campagne, d'atrocité en atrocité.Il n'y a pas d'exploits héroïques ni de sacrifices, pas de discours cocardiers exhortant le peuple à combattre.Il n'y a que la mort, la violence et le hasard dans des situations où survivre est totalement arbitraire, et peut être une plaisanterie cruelle.
La maïtrise et la conviction de Klimov sont exceptionnelles.Il y a des scènes surréalistes à la fois étranges et familières.Il y a des explosions d'étrangeté visionnaire qui coupent le souffle:avec de la boue, des bouts de bois et un uniforme allemand, un partisan fabrique un totem que des veuves et des mères affligées détruisent dans un acte cathartique:dans un champ éclairé par des fusées ennemies, le jeune héros n'a pas d'autre endroit où se cacher que derrière une vache que deux partisans se disputaient pour apaiser leur faim.Les évènements se déroulent selon la logique d'un rêve.Quand le film adopte le point de vue du garçon, tous les bruits se ramassent en un écho creux pour traduire sa surdité après l'explosion de l'obus de mortier autour de lui.
La plupart des films de guerre se prétendent contre la guerre mais jouent double jeu en complaisant l'héroïsme de héros fougueux.Requiem pour un massacre n'offre pas ce genre de soulagement ou de réconfort.Il montre que dans la guerre, il n'y a que des victimes. Adisakdi Tantimedh