L'armée Des Ombres ( 1969 )

L'armée des ombres est un film français réalisé par Jean-Pierre Melville, un des plus grands metteurs en scène de polars, et qui est considéré par certains comme le père spirituel de « la nouvelle vague » par ses méthodes de production et sa manière de filmer, à la manière d'un reportage.

20 octobre 1942, en France occupée. Philippe Gerbier (Lino Ventura), ingénieur distingué des Ponts et Chaussées soupçonné d'activités de Résistance, est arrêté par la police de Vichy et placé dans un camp. Il tranche sur les autres prisonniers par une force de caractère peu commune, et par les appuis qui l'ont placé dans ce camp. Quelques jours plus tard, les autorités françaises remettent Gerbier à la Gestapo, la police secrète nazie, qui le transfère à Paris pour interrogatoire. Gerbier réussit à s'échapper avec l'aide d'un résistant anonyme et d'un coiffeur pétainiste (Serge Reggiani), puis retourne à Marseille où est basé le réseau qu'il dirige effectivement. Il s'en suivra des missions pour le moins périlleuses de la part des résistants, ainsi que la rencontre entre Gerbier et Mathilde ( Simone Signoret ), résistante elle aussi à l'insu de son mari et de sa fille.

Melville consacra trois films à la vie des Français sous l'Occupation ( période qu'il connaissait bien pour l'avoir vécue dans la Résistance ); Le silence de la mer ( 1949 ), Léon Morin ( 1961 ) et l'armée des ombres ( 1969 ). Il attendit plus de 25 ans pour réaliser ce dernier. Vingt-cinq ans pour acquérir l’absolue maîtrise de son art, vingt-cinq ans surtout pour oser enfin parler de ce qui lui tenait tellement à cœur, de ce qu’il y avait de plus intime en lui. Inspiré du livre de Joseph Kessel publié en 1943, Melville déclara : " Je l'ai porté en moi 25 ans et 14 mois exactement. Il fallait que je le fasse et que je le fasse maintenant, complètement dépassionné, sans le moindre relent de cocorico. C'est un morceau de ma mémoire, de ma chair". L’Armée des ombres c’est la Résistance, sans héroïsme, sans fards, dans son atroce banalité. C’est le quotidien d’un groupe d’hommes et de femmes qui risquent tous les jours leur vie pour des exploits minuscules: transporter des tracts, faire voyager un poste de radio, cacher des hommes recherchés. Tout cela au risque d’être pris, fusillé dans le meilleur des cas, souvent torturé, et envoyé dans les camps d’extermination. Dans le film, il y a un but - la libération de la France – mais il semble si lointain, si improbable: les Allemands règnent par la terreur, arrêtent, torturent, exécutent. Chaque petite victoire de la Résistance est payée d’un prix exorbitant. C’est le monde de la peur, du soupçon, de la délation. Tout le monde se méfie de tout le monde. Chacun, même le plus fidèle, le plus courageux peut trahir: sous la torture, par jalousie, souvent pour de l’argent. ici nous sommes très loin des films noirs de Melville où il exposait des truands aux grands coeurs.
Le film baigne dans une lumière bleutée, froide, que beaucoup copieront plus tard ; Le premier plan est un modèle: filmé avec une très longue focale, l’Arc de Triomphe. Les Champs-Elysées sont désertés. On entend faiblement des pas cadencés, puis une marche militaire commence, tandis que le champ reste vide. Enfin, entre par la gauche du cadre fixe, un colonne de soldats allemands: uniformes impeccables, ordre rigoureux.

Un grand film sur des actes d'un très grand courage, des hommes et des femmes morts pour un principe de liberté, sans chercher la gloire ou les honneurs. Même si le film est ancien, je vous le conseille chaudement car il s'agit certainement d'un des meilleurs films sur la résistance française.

un classique, comme le cinéma français savait en produire... nostalgie...

sinon rien à dire, l'analyse est parfaite.

un peu long mais vraiment intéressant à voir ;-)

Superbe film et très jolie critique. Film qui nous a toujours marqué dans la famille dans le mesure où l'un de mes grands oncles, résistant gaulliste, a été fusillé.

c'est vrai qu'il explore d'une très belle façon une des pages les plus sombres de notre histoire