L’homme a la peau de serpent a été réalisé par Sydney Lumet en 1959. Metteur en scène incontournable du cinéma américain, auquel on doit notamment les excellents Douze Hommes En Colère ( 1957 ), La Colline Des Hommes Perdus ( 1965 ), Network ( 1976 ), ou bien encore Serpico ( 1973 ) et Un Après-Midi De Chien ( 1975 ) avec Al Pacino.
Sous une pluie diluvienne, Valentine Xavier ( Marlon Brando, toujours impeccable ), un jeune musicien vagabond, dont le seul bien est sa guitare, à laquelle il tient comme à la prunelle de ses yeux, est contraint de s'arrêter près de Two Rivers dans le Mississippi. Complètement trempé, il cherche à un endroit au sec pour se reposer. Au poste de police, la femme du shérif lui offre l'hospitalité. Sur les conseils de cette dernière, il va chercher du travail chez les Torrance qui tiennent l'épicerie du bourg. Jabe Torrance est hospitalisé et sa femme, Lady Torrance ( Anna Magnani ), d'origine italienne, se sentant seule et frustrée, l'engage comme commis. Val possédant un certain magnétisme, Carol Cutrere, une jeune nymphomane alcoolique tente de le séduire.
Et bien sûr, c’est à partir de là que les ennuis commencent …
A l’origine du film, on trouve une pièce de théâtre de Tennessee Williams, "Battle Of Angels", qui allait devenir "Orpheus Descending »; elle fut un échec pour son auteur lors de sa présentation en 1940. Retravaillée, modifiée, la pièce, sous son nouveau nom, fut à nouveau présentée au public, à New York en 1957. Pour les deux principaux rôles, Tennessee Williams pensait déjà à Brando et à Magnani. Cette dernière était prise par d'autres engagements en Italie et Brando était en désaccord avec Williams sur le texte, reprochant au personnage de Val Xavier d'être mal défini ; De plus, il redoutait une assimilation au personnage de Kowalski qu'il incarnait dans Un tramway Nommé Désir.
Tennessee Williams, scénariste du film, y dresse le portrait de deux personnages inadaptés à leur milieu et marginaux dans une Amérique profonde raciste et intolérante. Comme toujours avec Williams, les sentiments sont à fleur de peau et s'expriment au travers de dialogues violents et impudiques. On assiste à l'affrontement de deux personnages que tout oppose et qui finissent par s'aimer, malgré la morale imposée par leur entourage. Les scènes finales débouchent sur un drame intense comme seul savait les trousser le génial dramaturge. Le tout est servi par une interprétation magistrale du cérébral Brando et de l'instinctive Magnani.
Un excellent film que je vous conseille à tous, si vous aimez les pièces de Williams (Soudain l'été dernier, La Chatte sur un toit brûlant, Un tramway nommé Désir ) et les ambiances poisseuse du Mississippi.
Pour ceux qui pensent que Brando a véritablement une peau de serpent, il s’agit en fait de son blouson, fait dans la peau du reptile.