Explicites, blasphématoires ou macabres, ses clichés jonglent avec les tabous. Derrière ce goût immodéré pour la provocation, une enfance baignée par une culture catholique presque bigote.
L'un des thèmes favoris de ce Pasolini de 57 ans, c'est la religion. Un travail commencé dès 87 avec son oeuvre fétiche : le "Piss Christ", la photo d'un crucifix plongé dans l'urine, qui déclenche un tel scandale qu'on le dit à l'origine de la vague du "Politiquement Correct" qui gagne alors l'Amérique. Aujourd'hui, cette photo est toujours exposée derrière une vitre blindée!
À l’abri des attaques du monde profane dans son appartement new-yorkais qu’il a transformé en église gothique, Andrès Serrano cultive sagement sa dévotion fanatique pour l’Art religieux. Une fascination pour le baroque et les peintres de la Renaissance qui l'a amené en 92 à réaliser ces portraits de cadavres dans les morgues américaines. Le cataclysme du 11 septembre lance le photographe sur une autre piste: celle des citoyens américains bien vivants. Derrière ses portraits techniquement parfaits, il peint les contradictions de son propre pays.
En l'exposant à la Collection Lambert en Avignon, la cité des Papes donne à Andres Serrano la première grande rétrospective de ses œuvres... dans toute sa complexité.