24 septembre 2007 à 23:15 sur Arte (suffisait de regarder sur le site de la chaîne)
En paroles, en musique et en images, l'évocation d'une comète à la voix d'ange.
En paroles, en musique et en images, l'évocation d'une comète à la voix d'ange, née dans l'ivresse de la new wave new-yorkaise et emportée par le sida. Où l'on entrevoit, derrière la séduction du masque, la tragédie d'un homme.
ZDF © Andrew Horn
Au début des années 80, tout le monde a entendu sur les ondes sa voix aiguë à nulle autre pareille, ou aperçu son minois de clown lunaire. Puis, il est tombé dans l'oubli. "Les gens pensaient qu'il venait d'une autre planète. Lui aussi d'ailleurs", résume Ron Johnsen, qui fut son producteur, avant d'ajouter : "Klaus était la personne la plus seule du monde." La carrière scénique de Klaus Nomi, né Sperber, petit Berlinois qui rêva de devenir chanteur d'opéra avant de trouver dans l'East Village new-yorkais sa terre promise artistique, n'a duré que cinq ans. En 1978, il fait ses débuts dans un show underground entre deux gags potaches, en chantant Samson et Dalila, de Camille Saint-Saëns, en costume d'extra-terrestre. D'emblée, sa voix à la tessiture extraordinairement étendue (de soprano à basse ténor) électrise un parterre de rockers pourtant peu familiarisés avec l'art lyrique. Cheveux en pointe et lèvres peintes, son personnage androgyne, inspiré par l'esthétique de la science-fiction des années 50, commence à émerger - le smoking en triangle, surmonté d'un noeud papillon géant, viendra un peu plus tard, au lendemain d'une apparition télévisée mémorable au côté de David Bowie. En 1983, revenu à New York après un détour par l'Europe, alors que Simple man, son second album, amplifie une gloire internationale naissante, il meurt dans la solitude, emporté par un mal terrifiant que l'on ne nomme pas encore sida. Comète à la voix d'ange, pâtissier autodidacte aux Linzer Torte inoubliables, "gentil garçon" en mal d'amour, Klaus Nomi, derrière son masque géométrique en noir et blanc, demeure une énigme.
INFORMATIONS SUPPLÉMENTAIRES
Cold song
À l'image extrêmement travaillée de son héros, ce film multiforme puise dans les archives personnelles du chanteur, dans des enregistrements de concerts - pour partie inédits - et donne la parole à ceux qui l'ont côtoyé, dans la débine comme dans sa fugitive gloire, et qu'il a marqués pour toujours. Leurs témoignages émus ressuscitent avec éclat, drôlerie et tristesse toute l'aura du personnage, sans toutefois dissiper son mystère. Cet hommage sophistiqué, qui retrace aussi, vingt-cinq ans après, les années fastes d'un New York ouvert aux marginaux visionnaires, résonne aujourd'hui comme une chanson mélancolique, lointain écho d'une fête défunte.