Peintre italien (1571-1610), initiateur du clair-obscur, il donna son nom à un mouvement, le caravagisme, qui s'étendit à l'ensemble de l'Europe, particulièrement en Espagne et dans les Pays-Bas.
Nicolas Poussin, qui était arrivé à Rome peu après la mort du Caravage, aurait dit : «Il était venu pour détruire la peinture».
Longtemps connu comme le peintre qui avait entraîné l'art aux «confins de la laideur», en faisant place dans ses tableaux religieux à des personnages choisis dans la rue, hommes de peine, prostituées, fatigués et déchus, il a fallu attendre les travaux de Roberto Longhi à la fin du XIXe pour redécouvrir en lui un des grands réformateurs de la peinture en Europe, égarée à la fin du XVIe dans le maniérisme de la Haute Renaissance ou dans les excès baroques de la Contre-réforme. Mais l'Europe du temps du Caravage n'était pas prête à contempler la vérité brute, toute ordinaire et banale à laquelle il voulait faire place dans la peinture.
Son traitement original des grands sujets religieux repose sur une maîtrise exceptionnelledu réalisme, la représentation de personnages dotés d'une puissante corporéalité, souvent chargée d'un érotisme ambigü. L'atelier de l'artiste devient un antre obscur où ne percent que des rayons crus de lumière; le noir envahit la surface du tableau, du dialogue dramatique entre ombre et lumière monte surgit une théâtralité nouvelle dont s'inspirera notamment Le Poussin et à sa suite les peintres classicistes. De la Tour, Ter Bruggen, Vélasquez, Rubens, Rembrandt, voici autant de peintres qui doivent à la rencontre du caravagisme une part de leur grandeur.
«Il est difficile de regarder la peinture de Caravage en faisant abstraction des aspects rocambolesques de la vie, difficile de ne pas chercher dans sa peinture confirmation de tout ce que les biographes, sitôt après sa mort mystérieuse, ont écrit et sous-entendu: un peintre mauvais garçon, mauvais coucheur, assassin, brutal, mal embouché, trouvant son inspiration dans les rues sombres, sans doute homosexuel.» (Charles Sigel, émission "L'humeur vagabonde" sur Espace 2, Radio Suisse-Romande). Le Caravage est le «mauvais sujet» de l'histoire de la peinture. Sa fin tragique, ses démêlés constants avec la justice, l'érotisme de ses tableaux de jeunesse, le ton provocateur de ses oeuvres religieuses ont alimenté la curiosité et les spéculations des historiens depuis sa mort.
Les têtes sont tombées...
Tête de Méduse, 1590-1600, (Offices, Florence)
Judith et Holopherne-1598
145*195 cms